Le jardin des femmes

Non, vraiment, les pages ravissantes que j’ai lues, avec la timidité d’un demi-profane, ne sont pas un livre, mais bien un jardin, où de belles dames vont et viennent et s’arrêtent à leur gré, le regard baissé vers de mystérieuses plantes, et l’oreille attentive à leurs confidences. C’est que ces plantes, ces fleurs dont on a tant parlé, sur lesquelles on a tant écrit, elles ne sont, décidément, pas aussi simples que le voudrait une tradition superficielle ; elles détiennent la vie et, attribut de la vie, des moyens de s’exprimer aussi subtils que la parole, au moins pour ceux - et surtout pour celles - qui savent entendre leur langage. Ne sont-elles pas objets d’étude pour les botanistes, messagères des cœurs épris, bijoux étincelants pour les orfèvres, remèdes aux maux de l’âme et du corps, formes et couleurs pour les peintres, conseillères des joies et des peines, gardiennes des tendres souvenirs et des serments ? Pour pénétrer dans l’intimité de leurs natures diverses, il faut être poète, savant, artiste, amoureux, philosophe, musicien... Il est clair que Francis Cover est tout cela à la fois, et écrivain par surcroît, lui qui sait guider les femmes dans ce paradis de réalité et de légende, de charmes et de parfums. Bien que ce jardin ait été conçu, dessiné, planté, entretenu, pour satisfaire à des curiosités et des sensibilités féminines, il n’est peut-être pas interdit aux hommes — et, parmi eux, à l’humble botaniste que je suis — de s’abandonner à son enchantement.