La main sur la bouche

Le savoir et l’expérience du docteur Linaus — psychiatre qui croit pouvoir déceler « les sources et les origines de toutes les angoisses » — se heurtent à un mal étrange, visible seulement par ses effets. Conseils, voyages, amours « prescrits », sommeil artificiel, pilules de toutes les couleurs ne peuvent rien : les crises se succèdent et s’aggravent. Ne voyant rien venir, le docteur Linaus se résigne à constater que cette « adolescente attardée » n’est pas une malade comme les autres, qu’elle réagit en toutes circonstances différemment, que ses efforts d’homme de science ne seront ici d’aucun effet. Et il suggère un moyen ultime, une intervention chirurgicale… Mais c’est encore un échec : l’adolescente attardée lui ferme sa porte, à lui et à tous les psychiatres qui oseraient s’attaquer à l’intégrité de sa personne « différente ». Si, cependant, l’auteur avait voulu seulement conter les mésaventures du docteur Linaus, ce roman aurait eu probablement un titre bien plus simple : Monsieur Homais, psychiatre… Le nœud de l’histoire se trouve sans doute ailleurs, plus loin en arrière, longtemps avant les crises et avant les pilules, peut-être autour d’un lit de petite fille qui, réveillée en sursaut par des coups de poing dans la porte, éclate de rire, veut seulement rire, mais reçoit soudain l’ordre de sa mère de se taire. Comment sera sauvée cette jeune fille, que le monde des adultes précipite dans une angoisse vertigineuse, parce qu’il signifie le crime, le viol, la folie universelle ? Ce récit exemplaire touchera tous ceux qui, de près ou de loin ont affronté la psychiatrie.