La chanson de l'amibe Précédé de Lettre à Alcide, et de La musique de l'amibe

La chanson de l'amibe

Précédé de Lettre à Alcide, et de La musique de l'amibe

Et toi, petit merdeux qui veut faire quelque chose, il vaut mieux que tu saches que tout se résume toujours à deux solutions. Ou bien tu mènes une vie pépère, et tu subis jusqu’à tes joies, ou bien tu t’engages pour que les choses changent. Dans ton engagement, tu as encore deux solutions. Ou bien tu es un pacificiste, un humaniste, un social et, en partant des bases existantes, tu cherches à les transformer ; ou bien tu choisis la violence et la destruction. Dans la première, tu adhères, tu collabores, tout en croyant agir contre ce qui est. Dans la seconde, tu refuses tout en bloc, d’un seul coup. Mais si tu choisis la violence, tu choisis le chemin extrême, parce que désespéré ; celui qui demande le don total, l’oubli de ses joies et de ses plaisirs, de ses amours et de ses affections. La violence, c’est déjà être mort, c’est déjà accepter de l’être, alors que le cœur bat encore, et que les yeux peuvent se mouiller par une poussière de chagrin. La violence, la vraie, c’est déjà ta propre destruction. C’est d’abord toi qu’elle tue, avant de tuer les autres. Elle est la solitude, la monstruosité. La violence... pas celle de ces petits cons, qui lancent des bouteilles d’essence dans les rues désertes ; pas celle de ces gamins, qui cassent les vitrines à coups de slogans... Non ! La vraie ! Celle qui tue, qui fait pleurer les mères, et déchire le ventre des femmes devant un corps sanglant. Celle qui attend, tapie dans un coin, et qui est calculée de longue date pour faire le plus de mal possible. Celle qui révulse les peaux et liquéfie les entrailles... pour choisir cette violence-là, il faut que tu acceptes toute l’abjection qu’elle comporte. Et cette déconsidération de ton Etre, de ton essence première, tu ne peux l’accepter qu’après avoir beaucoup souffert. Et ce n’est qu’après avoir fait le constat de la partie de toi qui a été assassinée, que tu peux tuer l’autre, en prenant la violence pour compagne. À partir de ce choix, tu deviens mon frère, l’Anar...

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