« J’ai horreur des genres littéraires sclérosés » me confia, un soir, Louis Bourgeois. Je le pris au mot, en lui demandant de me confier un ensemble de nouvelles, d’aphorismes, de poèmes et d’errances. Nous avions presque inventé les polygrammes. Mais cette prétention sera rapidement balayée, si l’on se rappelle que le maître des polygraphes n’était rien moins que Denis Diderot. Celui dont on n’a jamais su dire si son style était au service de ses idées, ou si ses idées n’étaient que des filles faciles, dévouées au plaisir de son style. Les polygrammes ne sont donc pas un genre littéraire nouveau. Mais n’y voyez pas non plus un ensemble composite et désordonné ; il s’agit plutôt d’une continuité dans la pensée qui s’adapte — ou s’impose — à une forme passagère, choisie dans la palette des genres, en fonction de l’air du temps.