La confrontation du droit et des systèmes sociaux, l'impact des mentalités sur le changement social, forment les deux thèmes majeurs de cette étude sur les stratégies matrimoniales et la pratique notariale en matière de contrats de mariage, en Provence occidentale, avant la promulgation du Code civil, en 1804, et jusqu'au milieu du XIXe siècle. On suit, au fil du texte, illustré abondamment de tableaux chiffrés et de représentations graphiques, l'accentuation des différences entre quatre zones géographiques spécifiques : ville d'Aix, région agricole de Salon, bassin minier de Gardanne, pays à vocation maritime de l'étang de Berre. On y voit à l'œuvre un public mal informé sur le droit, marqué fortement par le milieu familial, volontiers soumis au notaire, livré, en un mot, aux instances de reproduction sociale. S'il y a changement social à la suite du changement juridique provoqué par la promulgation du code Napoléon, c'est dans la mesure seulement où la loi est subie, dans un contexte où tout est fait pour persuader qu'il faut être technicien pour connaître les dédales du jeu social. Cette étude, volontairement transdisciplinaire, s'adresse autant au sociologue et à l'historien, qu'au juriste.