Jamais sans Jules

Robinson Crusoë cette année est ravissante et s’appelle Stéphanie. Mais les îles qu’elle choisit ne sont jamais désertes, et de toute façon elle n’y va jamais seule. Jules est là, en Floride comme à New York, au Guatemala comme à Porto-Rico, à Pointe-à-Pitre ou à Saint-Domingue, dans les pétarades de la Révolution, et jusque dans la cabine d’un navire en train de sombrer (simple erreur de détail : sa démolition a été commencée par le bas). Si l’on part si loin c’est pour faire fortune ; ce qui conduit aux pires aventures et aux pires rencontres. Stéphanie, qui a l’œil vif, et même acéré, s’en donne à cœur joie à décrire les escrocs de toutes couleurs, les bidonvilles, les prostituées, les aristocraties coloniales de fonctionnaires, ou les opulentes croupes antillaises drapées de teintes vives. Les paradis défilent - y compris les paradis artificiels - avec leurs couleurs, leurs odeurs, leurs extravagants personnages. Jules et Stéphanie s’aiment toujours. Même si, les affaires étant ce qu’elles sont, et surtout ruineuses lorsque c’est ce fieffé filou de Tonton Kariko qui s’en occupe, même si Stéphanie emprunte aux professionnelles les plus douées leurs dessous et leur tarif, dans une version tropicale de "c’est pour gagner l’entrecôte". Et même lorsque le voyage se termine 65° avenue, en compagnie de jeunes drogués New Yorkais, dans les visions délirantes d’un autre voyage - au L.S.D. cette fois.