Pourquoi Henri Rousseau se prêta-t-il aussi complaisamment aux plaisanteries parfois cruelles de ses turbulents compagnons ? Pourquoi cette amitié avec Alfred Jarry, son jeune et déjà célèbre compatriote qui n’admira son œuvre qu’après s’être efforcé de la ridiculiser ? Et le gentil Douanier était-il aussi naïf qu’il ne le paraissait ? La Bohémienne endormie tente d’apporter une explication à ce qu’on a appelé le mystère Rousseau. Mais le texte que voici se propose surtout de faire revivre avec le plus de réalisme possible un homme fascinant et attachant, hâbleur et candide, semblable à nous, héros, comme nous, d’une comédie qui sombre dans la tragédie à la fin. Et pour donner la vie quand on n’est pas Dieu, pour faire parler et animer des êtres qui n’existent pas ou qui n’existent plus, y a-t-il un meilleur moyen que le théâtre ?