La terre et les paysans en France et en Grande-Bretagne, du début du XVIIe siècle à la fin du XVIIIe siècle (1) : Les hommes et les structures foncières

La terre et les paysans en France et en Grande-Bretagne, du début du XVIIe siècle à la fin du XVIIIe siècle (1) : Les hommes et les structures foncières

Depuis les physiocrates et Arthur Young, une suprématie incontestable est accordée à l'Angleterre, dans tous les domaines de l'économie et, notamment, dans l'agriculture. Cette suprématie est si bien ancrée dans les mentalités, qu'on a pu se demander si l'Angleterre n'aurait pas constitué une exception en Europe Occidentale. L'avance de l'agriculture anglaise résulterait d'un mouvement d'expropriation de la paysannerie, qui aurait pris place dès le seizième siècle, et aurait duré jusqu'au début du dix-neuvième siècle. Cette expropriation aurait conduit à la constitution de grands domaines et exploitations, théâtres de la « révolution agricole » à partir du milieu du XVIIIe siècle, grâce à l'influence bénéfique des « landlords » épris de progrès. Pendant ce temps, la France serait restée le siège de la petite exploitation, lieu de toutes les ignorances en matière d'agronomie. Karl Marx, dans le célèbre chapitre traitant de « l'accumulation primitive » - mal nécessaire à l'éclosion du capitalisme - a théorisé les différences entre les deux pays, avec le « modèle anglais » des grandes fermes, et « la voie paysanne » à la française. C'est cette vision qui, grosso modo, perdurera jusqu'à nos jours et influencera de multiples politiques économiques à travers le monde. Cependant, au cours du vingtième siècle, et particulièrement depuis une trentaine d'années, des études ont vu le jour des deux côtés de la Manche, qui permettent de relativiser, sinon mettre à mal, cette vision de la croissance. Elles permettent, notamment, de se demander s'il n'y aurait pas eu un seul modèle de croissance, ayant des modalités et des intensités diverses, non pas entre les deux pays, mais entre diverses régions, le cadre national devenant plus un écran qu'un objet d'analyse. C'est l'objet de cet ouvrage, que de contribuer à une remise à plat des chemins de la croissance. Pour ce faire, la croissance de la population, la répartition de la propriété et de l'exploitation, les conditions de la culture du sol, l'apparition et la diffusion des plantes nouvelles — légumineuses — la production et la productivité seront tour à tour analysées et ce, lorsque cela s'avérera possible, dans un contexte régional. Une place sera aussi faite à l'influence du marché. Cela nous conduira à une nouvelle vision de deux agricultures, et à un nouvel examen de ce qu'on a appelé la « révolution agricole », du concept « d'histoire immobile » et du modèle malthusien. Un deuxième volume traitera des hommes et de la production, de ce que renferme, généralement, le terme de "révolution agricole".

Détails du livre

À propos de l'auteur

Jean-Michel Chevet

Jean-Michel Chevet, chargé de recherche à l'INRA-CORELA et chercheur associé au Centre de recherches historiques (École des hautes études), est spécialiste de l'histoire rurale et des prix.

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