Drakkars

« Soudain, au matin, le fleuve se couvrit de voiles rouges et brunes ainsi qu’un linceul de chanvre… Le fleuve s’était mué en un dragon aux écailles rouges. Mille rames frappaient l’eau qui moussait, se couvrant d’une écume vert pituite. Forêt et campagne s’étaient tues devant la progression de ce dragon de bois articulé à l’infini. Le bruit que faisaient ces centaines de navires remontant le courant rappelait celui d’une tempête de grêle sur la surface d’un lac et glaçait le sang. Les longs bateaux chevauchaient la Sequana dans un halo d’écume et d’eau en suspension. Ils étaient les légions de l’Antéchrist venues répandre la désolation. » En cet automne 885, la plus grande flotte viking de tous les temps se regroupe devant Paris et demande le passage vers la Bourgogne. Banni pour trois ans de son Hordaland natal, le clan entier d’Haldan le Noir, allié à d’autres Northmen, s’est abattu sur la riche terre de Gaule, pillant et razziant au fil de leur remontée de la Seine. Sous la conduite du comte Eudes, le fils de Robert le Fort, spolié par l’empereur Charles le Gros de l’héritage paternel, les Francs, clercs, chevaliers et peuple confondus, défendent leur ville avec acharnement, résistant aux attaques, à la famine, à la peste, aux trahisons. Héros de fiction et personnages historiques, hauts en couleurs, animés de passions violentes et complexes, peuplent ce récit de bruit et de fureur, de mort et d’amours, de sang et de spiritualité, redonnant vie à une période mal connue de notre histoire, celle qui vit la naissance du royaume de France : «... Les fils du Nord ensemenceront la Gaule et de cette union naîtra une haute et prestigieuse civilisation qui alliera la fantaisie poétique des Celtes, l’organisation romaine, à l’audace des guerriers norrois. »