Le jeu de cuisses

Le jeu de cuisses

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Quand je m’allonge, terrassé, que je pose mes mains sur mon front, que je garde la bouche ouverte, que ma langue pique, que la garde républicaine fait du sur-place dans ma poitrine, que mille sabots martèlent mes organes, qu’un étau se resserre sur mes tempes, c’est que je vais mourir. Je meurs souvent. Tito Le matin à Versailles une mousseline de ciel et d’eau enveloppe un char tiré par quatre chevaux, comme un songe qui resterait après la nuit. Les robes feu se reflètent dans le plomb du bassin, l’eau et le ciel s’embrasent le plomb se transforme en or j’ai passé la journée dans les jardins du château j’aurais aimé que les chevaux s’arrachent du bassin d’Apollon sauter sur l’un d’eux. Je regarde ce Dieu de la lumière que la nuit avale et tout ce qu’il y a autour. Vivre. C’est dans la conscience qu’on est seul. Pas en dehors d’elle, mais en dedans d’elle. Dans la mort il y a l’extinction, le rien. Mais aussi, parfois, le souvenir, la mémoire. On n’est pas seul dans la mort. Dans la conscience on est si seul qu’on aimerait en sortir quelquefois. C’est maintenant que je sais l’être depuis trente-cinq ans. Seul. Et pour mener une existence qui me fait oublier, à moi et aux autres, que je suis le mort que je serai.

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