La robe de pourpre Vie d'Antonio Rosmini

La robe de pourpre

Vie d'Antonio Rosmini

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Sans doute le plus important philosophe italien. Et l’un des principaux maîtres de l’histoire de la philosophie catholique. Environ 120 volumes : une œuvre monumentale au plan théologique et métaphysique, mais aussi psychologique, logique, éthique, juridique, politique. Dans une mouvance platonicienne et augustinienne, il renouvelle une tradition thomiste décadente et prend une orientation personnaliste. Personnaliste, en un sens totalement inédit dans la modernité, même en milieu chrétien, il préfigure les courants de l’expérience vécue, de la solidarité du pensé et du senti, et de “l’être dans le monde” ; il intègre et dépasse l’empirisme et le sensualisme, la philosophie des Lumières et surtout l’idéalisme kantien et hégélien. Mystique fondateur d’ordre et engagé social et politique, il promeut un ordre religieux (encore existant) qu’il crée avec l’appui de Grégoire XVI, sans séparer la “charité matérielle” de la “charité intellectuelle” : le “faire la vérité” d’un évangélisme radical qui assume toute l’activité de l’esprit. Les missions rosminiennes provoqueront en Angleterre, puis en Amérique du Nord, la résurgence du catholicisme. Le plus souvent, il passera pour progressiste. À cause de sa connaissance des auteurs rationalistes, dont il dévoile cependant sans complaisance les limites et les prolongements “associatifs”. Mais parce qu’il est aussi un témoin lucide des compromissions et des excès des partisans du pouvoir temporel de l’Église, sous l’ascendant de l’Empire austro-hongrois, et parce qu’il est un défenseur des plus faibles, y compris des victimes lointaines du mercantilisme libéral. Correspondant de l’Institut de France, ami de Victor Cousin comme de Lamennais et de Lacordaire, ministre et même Premier ministre, auteur d’un projet de Constitution fédérale pour l’Italie et pour l’Europe, acteur du Risorgimento, quoique très méfiant à l’égard des égoïsmes nationalistes, dans l’intimité des papes successifs, qui voient en lui le penseur de référence et qui l’encouragent très vivement ; soutien le plus proche de Pie IX, puis cible de la réaction catholique pilotée par l’extrémisme autrichien ; étouffé, calomnié, humilié : le procès de ses livres, de son vivant, aboutit à un Dimittantur imposant l’ordre papal de ne plus les remettre en cause à l’avenir ; après avoir échappé aux pièges d’un emprisonnement, il disparaît dans des conditions encore troubles, et son ami le poète Manzoni reçoit ses derniers mots exhortant alors à une résignation silencieuse : “adorare, tacere, godere”. Son influence est latente sur beaucoup de mouvements philosophiques et de sciences humaines au XXe siècle ; elle s’exercera de même sur le Concile Vatican II et à travers la personnalité de Jean XXIII. Et ce ne serait pas la première fois que Jean-Paul II met son nom explicitement en avant. Il est enfin significatif que la réflexion universitaire et culturelle s’y attache récemment, et que la société civile italienne — tous horizons confondus — lui ait rendu un hommage solennel sans précédent lors du bicentenaire de sa naissance. Le cas Rosmini illustre parfaitement le mode de persécution qui frappe aux temps modernes toute exigence intellectuelle et caritative de vérité philosophique et chrétienne poussée jusqu’au témoignage absolu. Une vie qui commence sous la lumière de l’innocence pour s’achever “sous le soleil de Satan”.

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