Descartes ou La félicité volontaire

Descartes ou La félicité volontaire

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Descartes a entrepris de détruire la pratique aristotélicienne de la philosophie : à son savoir seulement probable, les Regulae, puis les Essais opposent une science certaine d’objets clairs et distincts. Mais cette instauration concerne aussi, peut-être même d’abord, l’idéal pratique qu’Aristote ne cesse de viser dans les sciences théorétiques : le sage parvient à la félicité par l’exercice même d’une connaissance si parfaite qu’elle imite celle du dieu, qui pense sa pensée en acte et éternellement. Descartes met décidément en crise la félicité par la contemplation, dont la pensée médiévale avait hérité d’Aristote. Pourtant, une autre figure de la félicité se dégage tout aussi indiscutablement de l’entreprise cartésienne : la méthode, la certitude scientifique qu’elle permet et les principes métaphysiques qui assurent l’une et l’autre restent, à chaque moment, solidaires d’une attitude et d’une ambition proprement morales – la volonté infinie aboutit à la générosité, où la considération du bon usage de notre libre-arbitre permet le « contentement de soi-même ». Ainsi la philosophie atteint-elle, pour Descartes aussi, à une félicité. Mais à une félicité volontaire et non plus contemplative. On tentera donc d’abord de mesurer, dans différents champs de la philosophie cartésienne, l’impact de la certitude jusque sur les questions d’éthique ; ensuite, de souligner la référence constante, quoique souvent implicite, de Descartes à la félicité telle qu’Aristote la visait ; enfin, de suivre leur dialogue au fil conducteur de leurs versions divergentes, mais complices, de l’admiratio et du thaumazein.

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