De la société-fiction aux réalités

De la société-fiction aux réalités

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Lorsqu’un idéologue, un utopiste, évoque la société future selon ses vœux — c’est l’âge d’or ; c’est une société où, à l’en croire, on aimerait vivre. Lorsque c’est un écrivain, donnant libre cours à son imagination, qui offre une description romancée d’une société future — c’est le « Meilleur des Mondes », d’Aldous Huxley ; c’est le « 1984 » d’Orwell — c’est un monde déshumanisé, dont on souhaiterait écarter la venue, pour soi-même et pour ses petits-enfants. Mais ces ouvrages, les plus connus, ne sont pas les seuls ; d’autres auteurs, moins souvent cités, se rencontrent avec eux pour tracer une même orientation, une semblable dépersonnalisation, une même emprise, non seulement sur les comportements, mais les états d’esprit Cette concordance résulterait-elle d’un malheureux hasard ? ou bien cette convergence serait-elle un symptôme d’une évolution alarmante ? Ces auteurs si divers n’auraient-ils pas suivi — chacun de son côté — une démarche semblable à celle d’un Jules Verne — en qui on avait cru voir un auteur d’imagination ? Maints de ses « Voyages extraordinaires » — une littérature pour la jeunesse… — se sont accomplis, et au-delà… Où est le temps où le « Tour du monde en 80 jours » relevait d’un audacieux pari de Phileas Fogg ? Chacun peut consulter aujourd’hui les horaires des lignes transcontinentales… Mais c’est que Jules Verne se tenait au courant des progrès déjà acquis en germe de son temps ; il n’en romançait que les applications. N’en irait-il pas de même des écrivains de « société fiction » — à ne pas confondre avec la « science-fiction », car il s’agit d’un autre genre, où la littérature porte sur les rapports entre les personnes et l’appareil d’État. Ces auteurs, — sans s’être concertés — ne feraient-ils, que tirer les prolongements prévisibles de ce qui est déjà plus qu’amorcé sous nos yeux ? Il y eut des époques — pas tellement éloignées… où il s’agissait de sauvegarder la liberté de penser. C’était le bon temps… Voici que ce qui est menacé, ce qu’il importa de défendre contre une invasion déjà bien avancée, est la liberté du subconscient. Telle est la nature du mai qu’il faut connaître si l’on veut pouvoir, avant qu’il soit trop tard, le maîtriser.

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